Le parlement polonais a voté une loi rendant la pilule du lendemain accessible uniquement sur ordonnance.
En Pologne, les droits des femmes sont une nouvelle fois menacés. Le parlement, dominé par les conservateurs nationalistes a voté ce mercredi 24 mai au soir une loi limitant l'accès à la pilule du lendemain. Désormais, cette dernière sera accessible uniquement sur prescription médicale.
La loi, une initiative du gouvernement de la première ministre Beata Szydlo, a été votée par 242 députés, contre 188 députés qui se sont opposés à cette régulation et 9 qui se sont abstenus. Le gouvernement libéral précédant avait, conformément à une règle européenne, rendu possible l'accès à la pilule du lendemain sans ordonnance, aux femmes âgées de plus de 15 ans.
Inquiétude des féministes
La loi qui ne devrait pas susciter d'opposition ni au Sénat où le parti Droit et Justice (PiS) a la majorité, ni auprès du président conservateur Andrzej Duda a déjà suscité l'inquiétude des milieux féministes en Pologne. «Ce projet limite les droits de femmes en matière de reproduction», avait regretté Katarzyna Labedz de la Fédération pour la cause des femmes et du planning familial, interrogée en février par l'AFP. Selon elle, la contraception d'urgence risque de «perdre son sens» étant donné que, pour être efficace, elle doit être appliquée dans les plus brefs délais. «Nous craignons qu'il ne s'agisse là d'une mesure restrictive de plus et qu'il n'y en ait d'autres prochainement», a indiqué Mme Labedz.
Dans ce pays à forte influence catholique, le PiS - au pouvoir depuis plus d'un an - a déjà mis fin au financement publique de la fécondation in vitro. À l'automne 2016, le PiS a également tenté de limiter le droit à l'avortement, déjà parmi les plus restrictifs d'Europe. En effet, une Polonaise ne peut recourir à l'IVG que dans trois cas : risque pour la vie ou la santé de la mère, examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l'embryon, et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste.
Mais, sous la pression de manifestations dites «grève des femmes», auxquelles ont participé quelque 100.000 personnes dans tout le pays, le gouvernement avait fini par rejeter le projet de loi.